Autrefois pratique cantonnée à des instituts spécialisés et surtout connue et utilisée dans les pays nordiques, la luminothérapie rencontre petit à petit une réelle reconnaissance un peu partout dans le monde. Thérapie douce et efficace reposant sur l’exposition à des rayons lumineux puissants imitant le spectre de la lumière du soleil, la luminothérapie permet de réguler de nombreuses fonctions physiologiques, notamment chez les sujets souffrant de dépression saisonnière ou des effets d’un décalage horaire important.
Mais de récentes études menées en France tendent à démontrer que ses usages pourraient s’étendre bien au-delà de cela. La luminothérapie, que beaucoup de monde considère encore (à tort) comme une simple « thérapie bien-être », se montrerait ainsi efficace dans le traitement des états dépressifs modérés à sévères, au point même, dans certains cas, de pouvoir remplacer les antidépresseurs.
La luminothérapie est une thérapie par la lumière qui s’effectue sous forme de cures. Le sujet se place devant une lampe spéciale qui a la caractéristique d’être suffisamment puissante (au moins 10000 lux) pour stimuler l’organisme comme la lumière naturelle le fait. L’élaboration de cette thérapie repose sur un cortège d’études scientifiques ayant démontré le rôle de la lumière naturelle du soleil sur le corps humain. Pour résumer rapidement : c’est grâce aux rayon lumineux du soleil que notre corps parvient à s’auto-réguler et à orchestrer les différentes fonctions physiologiques tout au long de la journée. C’est notamment grâce à la lumière naturelle que notre horloge interne se synchronise avec le cycle naturel d’alternance jour/nuit, ce qui permet en outre à notre organisme de secréter les hormones nécessaires au sommeil quand la nuit tombe ainsi que celles propices au réveil quand le jours se lève.
L’efficacité de la luminothérapie n’est donc plus à démontrer en ce qui concerne le traitement des personnes souffrant des effets du décalage horaire ou de ce qu’on appelle la dépression saisonnière. Ce type d’état dépressif hivernal est induit par une sous-exposition de l’organisme aux rayons lumineux du soleil. Troubles du sommeil et de l’humeur, déprime, perte d’énergie et de productivité, somnolence diurne et difficulté de concentration sont autant de symptômes de ce mal de plus en plus reconnu qu’est la dépression saisonnière.
Mais la luminothérapie pourrait également se montrer efficace pour traiter d’autres formes de dépression. C’est en tout cas ce que révèle une méta-analyse menée par un psychiatre spécialiste du sommeil, Pierre Alexis Geoffroy. Cette étude, reposant sur 7 essais et impliquant pas loin de 400 personnes souffrant de dépression à de divers degrés a en effet mis en lumière l’efficacité de la luminothérapie dans le traitement de la dépression modérée à sévère.
Les conclusions de cette analyse ont de quoi surprendre. La thérapie par la lumière se montrerait aussi efficace que les antidépresseurs pour traiter la dépression. Elle pourrait même être d’emblée proposée comme alternative aux médicaments aux patients souffrant de dépression modérée. Pour les personnes sévèrement dépressives, elle pourrait être utilisée en complément d’un traitement par antidépresseurs, l’étude ayant montré que l’association des deux méthodes se montrait plus efficace que les médicaments seuls.
Cette découverte importante pourrait avoir un impact positif sur la future prise en charge des patients souffrant de dépression. Les atouts de la luminothérapie par rapport au traitement par antidépresseurs sont multiples et importants :
Attention : même si l’allègement de la prise en charge médicamenteuse pour les patients souffrant de dépression est une bonne nouvelle, cela ne signifie en aucun cas que les personnes atteintes de dépression puissent se passer d’un suivit psychologique et médical. La dépression est une vraie maladie qui nécessite une réelle prise en charge et le suivi d’un psychiatre. Le traitement, qu’il soit médicamenteux ou non, doit être mis en place dans ce cadre-là, en suivant l’expertise du médecin. De plus, même si elles sont rares, il existe des contre-indications aux séances de luminothérapie, notamment les pathologies de l’œil comme la cataracte ou le glaucome.
La dépression est une maladie grave, complexe, pluridimensionnelle et multifactorielle. De nos jours et dans notre pays, c’est une réponse principalement médicamenteuse qui semble s’imposer pour faire face à ce mal encore mal connu et pourtant répandu. En effet, les français font partie des plus grands consommateurs d’anti-dépresseurs du monde. Pourtant, certains psychiatres et professionnels de la santé se mettent à interroger ces pratiques et commencent à prôner de nouvelles approches pour améliorer la prise en charge des personnes dépressives. L’idée étant de combattre la maladie sur différents fronts à l’aide d’un panel de techniques et de pratiques efficaces contre les états dépressifs.
Ainsi, de nombreuses activités thérapeutiques se montrent de facto efficaces contre la dépression, en limitant ses effets, en permettant au patient de se « resynchroniser » et en agissant sur un plan physiologique aussi bien que psychique. Ainsi, la luminothérapie, mais aussi la pratique sportive régulière et encadrée, le yoga, la méditation et les techniques de relaxation sont autant de disciplines qui ne demandent qu’à être incorporées à un protocole de soin. L’alimentation, elle aussi, a un rôle crucial, certains aliment favorisant le stress quand d’autres renforceront l’organisme et l’équilibre psychique. Il ne s’agit pas ici de se passer complétement des anti-dépresseurs, qui restent indispensables dans certains cas, mais bien de varier les méthodes de soin.